Menés jusqu’à deux minutes du terme, les Sud-Africains ont réussi à l’emporter sur l’Angleterre d’un petit point pour s’offrir une deuxième finale de Coupe du Monde de Rugby consécutive (16-15). Ce sera samedi prochain, face à la Nouvelle-Zélande.
La finale de la Coupe du Monde de Rugby 2023 mettra donc aux prises la Nouvelle-Zélande, victorieuse de l’Argentine 44-6 vendredi soir, à l’Afrique du Sud, qui a fini par terrasser l’Angleterre samedi au Stade de France (16-15).
Il s’agira de la première finale entre les deux pays les plus titrés dans la compétition (trois titres chacun) depuis l’édition 1995.
Mais que ce fut compliqué pour les Sud-Africains ! Alors que pas grand monde ne misait sur l’Angleterre, le XV de la Rose a en effet mené au score durant 78 minutes. Était-ce dû à la pluie, qui a arrosé Saint-Denis toute la soirée, donnant un air typiquement british à cette demi-finale ?
Toujours est-il que les hommes de Steve Borthwick, moribonds tout au long de l’année 2023, ont pendant plus d’une heure admirablement mené leur barque face aux surpuissants Springboks. Grâce à un jeu efficace se basant sur trois principes : de l’agressivité sur le porteur de balle, du jeu au pied précis, des points pris dès que possible.
En ralentissant le tempo, en contestant les points de rencontre, le XV de la Rose a ainsi empêché les Boks de dérouler leur jeu. Preuve en est, la première (vague) occasion d’essai des Sud-Africains est intervenue à la 52e minute, mais le ballon poussé au pied par Le Roux est sorti du terrain avant qu’il ne s’en empare.
À ce moment-là, Jacques Nienaber avait déjà procédé à du coaching, encore plus précoce que d’habitude (Pollard dès la 32e, De Klerk, Snyman et Le Roux dès les premières minutes de la 2e période). Mais cette fois, le ‘bomb squad’ ne faisait pas exploser son adversaire.
Owen Farrell, dans la lignée de son 4/4 en première période, passait même un drop pour donner neuf longueurs d’avance aux siens (15-6, 53e).
Clairement dans le dur, l’Afrique du Sud parvenait toutefois à s’offrir le droit d’y croire. À 11 minutes du terme, RG Snyman terminait le travail de sape des siens à proximité de la ligne, pour revenir à deux points avec la transformation de Pollard (15-13, 69e).
Et l’occasion de prendre les devants apparaissait à moins de trois minutes du terme. Sur une mêlée tout près de la ligne médiane, le pack bok, dominateur depuis l’entrée d’Ox Nche notamment, bénéficiait d’une pénalité que Pollard ne se faisait pas prier pour passer entre les perches. L’Afrique du Sud passait devant pour la première fois du match (15-16, 78e).
L’Angleterre multipliait les temps de jeu pour récupérer une pénalité ou mettre Farrell en position de drop, ultime tentative avortée par un en-avant.
Les Springboks sont donc en lice pour réussir un passe de deux que seule la Nouvelle-Zélande a réussi dans l’histoire de la Coupe du Monde de Rugby (2011, 2015).
Les réactions en conférence de presse
Jacques Nienaber, sélectionneur
Sur l’impact des remplaçants et s’il songe à changer ses titulaires
« Comme je l’ai déjà dit, quand on compose notre banc, les gens se concentrent sur le nombre d’avants mais l’important, c’est le groupe et sa qualité. S’ils entrent sur le terrain, c’est parce que les titulaires ont posé les bases du match. On ne peut jamais estimer l’impact des titulaires mais ils fatiguent l’adversaire. On n’a pas d’équipe A ou d’équipe B. On ne marche pas comme ça. »
Sur cette nouvelle victoire d’un point et s’il a eu la sensation que le match pouvait leur échapper
« Déjà, bravo à l’Angleterre, ils ont fait un super match, ils avaient un plan de jeu bien établi et ils nous ont bien mis sous pression. On va devoir encore progresser car la Nouvelle-Zélande pourrait s’appuyer sur la même tactique. Il nous a fallu du temps pour entrer dans le match. Mais ce qui est bien avec cette équipe, c’est que même quand elle ne joue pas bien, elle finit par trouver une solution. Elle refuse d’abandonner et se bat jusqu’au bout. »
Sur la physionomie du match
« On a eu du mal à prendre le match à notre compte. Un peu comme en quart ou en demie en 2019, il nous fallait un ruck, un maul ou une pénalité pour faire basculer la rencontre et le fait d’avoir marqué cet essai contre une Angleterre qui défend aussi bien, c’était unique. »
Sur le fait d’avoir changé autant de joueurs aussi tôt dans le match
« Comme l’a dit Siya [Kolisi], c’est la beauté de ce groupe. On a de bons joueurs et ils acceptent nos décisions. Quand on sort des joueurs parce qu’à l’instant T, les choses ne vont pas, cela ne veut pas dire qu’ils ne joueront pas la semaine prochaine et ils l’acceptent. C’est juste que c’est comme ça. On fait tout pour l’Afrique du Sud. On ne laisse pas de place à l’égo. On voit tous les messages que les Sud-Africains nous envoient. Les Springboks sont au-dessus de tout. »
Steve Borthwick, sélectionneur
Sur ses émotions après le match
« On est déçus mais on est aussi très fiers de ce que ce groupe a accompli ces cinq derniers mois. Tout n’a pas été parfait mais faire un tel match aujourd’hui contre une telle équipe, c’est grand. Je suis triste mais fier. Quand on regarde cette équipe, il y a plus de cinq joueurs de moins de 25 ans, contre un seul côté sud-africain. On a une super équipe, très équilibrée et on pourra s’appuyer dessus la semaine prochaine. Mais on reste déçus malgré tout. »
Sur la domination des avants
« Toute l’équipe a été forte. On est déçus. On avait un plan pour gagner mais on n’est pas passés loin. On est déçus mais comme on a pu le dire, les joueurs peuvent être fiers. »
Sur le plan de jeu, s’il est typiquement anglais, et sur le potentiel impact de la météo
« Je ne vais pas analyser le match maintenant. J’irai voir tout ça en détail plus tard. Mais pour ce qui est du plan de jeu, on savait qu’on était face à une équipe qui joue comme ça depuis 2018 et qui a continué de progresser depuis sa victoire en 2019. Nous, avec le staff, on a eu quatre mois pour mettre en place notre plan de jeu. J’ai demandé à mes joueurs de changer leur façon de voir le jeu et je suis fier de leur attitude aujourd’hui. On a commencé à préparer ce match mardi matin. De là, on s’est entraînés mardi après-midi et jeudi pour mettre notre jeu en place. On savait qu’il y avait des chances qu’il pleuve ce soir. Oui, ça a eu un impact même si on ne peut pas être certains de la météo à l’avance. Mais il fallait en tenir compte. »
Sur l’Afrique du Sud
« On a failli gagner une demi-finale contre les champions du monde en titre. S’ils sont là, ce n’est pas pour rien. Ils ont des joueurs d’expérience. C’était un match très, très dur. C’était un match intense. »
Sur son équipe
« Je serai toujours fier de mes joueurs. C’est une fierté d’être sélectionneur de l’Angleterre. Je sais que des millions de personnes seront déçues aussi. Mon groupe a tout donné pour montrer l’exemple, en particulier Owen [Farrell], qui est un immense leader. On voulait se qualifier pour la finale et on n’était pas loin. Dans l’adversité, quand c’est dur, c’est là qu’on progresse. On va tout faire pour tirer les leçons du match de ce soir pour revenir plus forts à l’avenir. »
Source et crédit photo : World Rugby