Au nord de Montjoi, Brassac forme le second poste de contrôle de la vallée de la Séoune, dans le Causse du Quercy, en pays de Serres.
Brassac est un nom gallo-romain : Bracciacum « domaine de Braccius », qui se trouvait en contrebas, comme l’atteste la découverte de mobiliers antiques. Mais, les siècles suivants ont préféré les hauteurs, tant pour des raisons stratégiques que pour gagner des terrains agricoles sur les bois qui tapissaient les coteaux. Ce nom « Bracciacum » a été transmis au site castral au-dessus sur l’éperon. Ce fut d’abord une simple motte portant une tour, fondation seigneuriale des années 1000. Puis, une maison forte, au début des années 1100, époque à laquelle se développe le village entre elle et l’église.
Brassac, c’est avant tout une forteresse impressionnante, un de ces château forts qui stimulent l’imagination. Détenu par Bernat de Durfort, célèbre aristocrate troubadour. Il vend le château à Richard cœur de Lion, duc d’Aquitaine et roi d’Angleterre, auprès de qui il s’est engagé pour la croisade. C’était une pure trahison envers Raymond V, comte de Toulouse, seul véritable propriétaire des lieux. Puis un dénommé Raymond Planer, ancien seigneur de Brassac, parvient à le récupérer et, le destin bascula peu avant l’an 1200, lorsque le Comte de Toulouse, Raymond V, soucieux d’affirmer sa présence aux confins de son domaine face à l’Agenais, racheta à son tour, la fortification en l’an 1180 et y nomma un représentant, un dénommé Companh, et fit construire une vaste enceinte de pierre autour du château qui n’est alors, qu’un grand donjon rectangulaire, dressé sur son nid d’aigle et protégé par un fossé doté d’un puits central.
A cette époque, Henri II, roi d’Angleterre, Duc d’Aquitaine depuis son mariage avec Aliénor d’Aquitaine en l’an 1152, est maître de tout le Sud-Ouest et revendique le Quercy qui se trouve dans la mouvance du Comte de Toulouse. En l’an 1200, le château repasse sous contrôle anglais, très officiellement cette fois. Pendant la croisade contre les albigeois, de l’an 1209 à 1244, le Quercy est ravagé par Simon de Montfort. Et, la seigneurie de Brassac est confisquée en l’an 1235 au profit de l’évêque de Cahors. En l’an 1278, Geraud 1er de Galard épouse Eléonore d’Armagnac qui lui apporte en dot, la seigneurie de Brassac. Guillaume 1er de Galard de Brassac, cousin de Gaston Phoebus, et Borga de Bouville, baronne de Brassac, décident de décorer murs et fenêtres du château de tapisseries de fils d’or et d’argent évoquant la vie fabuleuse de Gaston III, surnommé « Phoebus », prince de Béarn, flamboyant chasseur, auteur des plus beaux traités de Vénerie. Il est l’une des grandes figures que compte la maison de Béarn.
L’histoire des tapisseries de l’an 1356
Gaston Phoebus, prince de Béarn, est fait prisonnier par Jean le Bon, roi de France et cousin de Gaston III de Béarn, dit « Phoebus ». Il est jeté en prison au petit Châtelet à Paris.
Gaston de Phoebus demande à ses cinq chevaliers d’escorter Marguerite, sa maîtresse et Florine, sa dame de compagnie, au château d’Uzerche, pour leur assurer la plus grande sécurité. Mais, arrivées à Brassac, elles s’arrêtent et finalement, décident de séjourner chez les cousins, Guillaume 1er et Borga, Baron et Baronne de Brassac.
Toutes les salles du château étaient ornées de grandes tapisseries. Dans chaque salle, 5 à 9 panneaux représentent les hauts faits célèbres de l’Antiquité à leurs jours : Moïse, Josué, Salomon, les pharaons, Charlemagne, Roland…… Guillaume 1er de Galard et son épouse, Borga de Bouville jugent ces tapisseries vétustes et les remplacent par une nouvelle série, à l’arrivée de leurs hôtes, retraçant la vie fabuleuse de Gaston Phoebus.
Pour cette grande œuvre, Borga fait appel aux femmes du village de Brassac et même aux châtelaines des environs. Si bien qu’une chambre nommée chambre haute est transformée en atelier de tapisserie. Une vingtaine de bénévoles créent, sous la direction de Borga, l’œuvre :
-Il s’agit de Gaston chaussant ses éperons d’or et recevant l’accolade du vieux chevalier à la grande barbe blanche, Corbayran de Rabat.
-Gaston sous sa tente, épousant la jolie Myriam.
-Gaston tenant tête au roi de France Philippe VI.
-Gaston sauvant la vie du roi de France, Philippe VI, à Crécy.
-Gaston affrontant le roi d’Angleterre, Edouard III …….
-et, enfin, la pièce maîtresse de l’œuvre, brodée tout entière par Borga de Bouville, baronne de Brassac : Gaston chevauchant un superbe destrier et portant sur l’encolure son énorme chienne montagne des Pyrénées, Hermine.
